Billet urbanistiquement artistique
- Corinne Tong-Chaï
- 12 sept. 2016
- 3 min de lecture

La Réserve Malakoff. Si vous ne connaissez pas, foncez y. Si vous aimez l'art urbain, déplacez vous vite fait. Au détour d'une rue de Malakoff, à quelques encablures du métro, un ancien hangar promis à la destruction construit des expositions éphémères. 2000 mètres carrés entre poutrelles et verrières, rien de glamour, tout en ciment et béton. L'art urbain a trouvé son spot. C'est joyeux, innovant, fantastiquement bordélique mais indéniablement artistiquement moderne. De la couleur et de l'audace, un espace aux volumes colossaux qui permet de laisser toute la place aux artistes et à leurs envies de création sans cadre.
En ce moment c'est le Grand 8 de l'art urbain. A la fois, poétique, magique, féérique, on entre dans un dédale de petites grottes, toutes avec une ambiance unique où l'on se sent bien. On déambule dans une bulle qui éclate à chaque fois qu'on entre dans une autre. C'est un voyage qui s'offre à nos yeux et à notre imaginaire. Comme celui dans la Savane de Mosko. Sa jungle c'était le XVIIIème arrondissement de Paris. Les murs du quartier de Moskova. Il les a embellis. Et là ce sont des monographies qui nous sont proposées. La scénographie de ces oeuvres est étonnante, déroutante et pourtant on s'amuse. Etincelant de couleurs. La panthère, la girafe, le gorille, le lémurien, le zèbre, on se croirait au centre de leurs attentions. Et si c'était eux qui nous observaient?
On passe quelques lianes, et c'est la pin up au fond de la forêt qui nous étonne. Vinie s'est associée à Réaone pour créer cette sculpture démesurée, à quelques traits près, elle ressemble à une minimoys sans Arthur. Rafraichissant. On découvre aussi, bien sûr allais-je ajouter, des artistes pop, street art et pochoirs. Mais avec un amoncellement qui au lieu de surchargé l'endroit, le rend acidulé. Iza Zaro poche le rose, le rouge, le bleu, le jaune, des femmes, des coeurs, des phrases. Activiste sûrement avec des messages d'une subtilité toute féminine mais non moins virulents et empreints de lucidité sur le monde.
A la sortie, ou à l'entrée, selon le sens que vous prenez, en même temps, tous les sens dans cet espace mène au même endroit, celui de l'art, donc à l'entrée ou à la sortie, vous rencontrez le voyage. Disons donc qu'à l'entrée, un amas de valises entraîne votre regard vers un ailleurs, loin, là haut. Mais ces bagages ne sont que la représentation d’un voyage. Et pas n'importe lequel. Il faut à un moment poser ses valises. Magnifique. Grandiose. Dynamique dans l'immobilité. Evazesir c'est les tribulations d'une évasion.
En face c'est une ode à l'Amitié. Grandeur nature. Rare dans ce lieu qui peut pourtant se le permettre. Jana&JS s'expose sur toute la hauteur du lieu. Au coeur de la ville reconstituée, les deux artistes nous attrapent le coeur.
Et au milieu de tous ces artistes, un inconnu. Bansky. Inconnu physiquement mais artistiquement reconnu. L'anglais peuple les murs du monde entier depuis une dizaine d'années. Dénonçant à sa façon, à coup d'écrits, de pochoirs et de dessins, le monde et ses guerres qui ne lui plaisent guère.
Un exposition rarissime, prêt d'un particulier pas comme les autres, grâce à une brève rencontre peu ordinaire avec Banksy. Ne lui demandez pas à quoi ressemble le plus anonyme des artistes les plus renommés. Ce n'est que plusieurs années après cette rencontre due au hasard, qu'il a pris conscience de la valeur des dessins que l'artiste lui avait donnés. Et de qui était cet inconnu-artiste.
Depuis, Bansky joue au chat et à la souris avec les médias. Il s'amuse des rumeurs et nous on se délecte de ses humeurs.
La réserve Malakoff
7 rue Paul Bert
92240 Malakoff
Exposition le Grand 8 de l’art urbain jusqu’au 30 octobre
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