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Billet d'un Tissot moderne et ambigu.

  • Photo du rédacteur: Corinne Tong-Chaï
    Corinne Tong-Chaï
  • 8 juil. 2020
  • 3 min de lecture

Etre curieux, encore et toujours. Tissot : ce nom écrit en lettres géantes sur la façade Seine du musée d'Orsay m'a interpellé. A moins que ce ne soit le tableau longiligne et vertical de ces femmes élégantes qui me rappelle un certain style. Tissot n'appartient pas à ces artistes qui ont forgé ma culture picturale. Alors c'est avec appétence que je m'engouffre dans le musée d'Orsay, relativement vide. Jusqu'à l'entrée de cette exposition temporaire, qui joue les prolongations et qui fait le plein. Patience. Masque. Entrer dans l'univers de Tissot c'est entrer dans une lumière éblouissante, presque aveuglante. Comme un soleil au zénith. Une lumière qui interpelle. Ses blancs sont ultra blancs. Ces noirs sont décollés, comme ajoutés au dernier moment dans une pureté insensée. Déroutant mais tellement vivant. Car cette lumière semble sortir de notre oeil, ça claque fort.

Alors qui est ce James Tissot. Un anglais? Un américain? C'est un français, né à Nantes, qui opte pour James à la place de Jacques dès son vingtième anniversaire. Il savait ce qu'il voulait cet homme. Formé aux Beaux Arts, il fréquente un certain Edgar Degas. Un Whistler et un Manet. Excusez du peu. Tissot aurait pu être de ces impressionnistes qui ont créé un mouvement, un avant-gardiste. Mais Tissot refuse la proposition de Degas d'exposer lors de la première exposition impressionniste. Sacrée décision. Qui ne l'empêche pas de partir à la découverte de Venise avec Manet, de correspondre avec Whistler et de recevoir Berthe Morisot chez lui à Londres. Car Tissot partage sa vie et son art entre la France et l'Angleterre. Il dépeint à merveille et avec beaucoup de succès la haute bourgeoisie londonienne et parisienne. D'abord assez classique, il devient spécialiste des femmes, de leur parures, de leur chevelure, de leur allure. Avec un père marchand de tissus et une mère modiste, il est à bonne école pour connaitre l'étoffe des choses. Puis comme d'autres peintres de cette époque, il porte une attention particulière au japonisme.

Au fur et à mesure qu'on s'imprègne de la peinture de Tissot, on est époustouflé par la lumière qui éblouit ses oeuvres. Comme cette jeune fille au croquet. La pelouse anglaise est d'une luminosité suffocante. Il ne fait chaud pourtant mais on sent ce vert saupoudré d'un jaune qui donne tout l'éclat au gazon anglais. Et cette tenue d'un noir intense et étincelant met encore plus en exergue cette lumière criante de vérité. Les cadrages sont dignes des grands cinéastes. Et terriblement modernes.

Que dire des robes aux drapés volumineux, de ces dentelles d'une précision d'horloger, de ses fourrures légères douillettes et de ses lourds tapis qu'on rêve de caresser de la main. Puis la lumière de Tissot devient spirituelle. Il perd sa femme Kathleen Kelly de la tuberculose. Quitte Londres pour toujours. Revient à Paris. Etudiant une toile sur l'église Saint Sulpice, il bascule. Et consacre le reste de sa vie à l'illustration de la Bible. Et là encore, la lumière qui s'extirpe de ses ouvres est bluffante. Si j'osais, je parlerais d'illumination.

Ce français est certainement plus connu de l'autre coté du Channel qu'en France. Anglophile certain, il a pourtant une place très importance dans la peinture française. Cette modernité vaut le détour. Ni impressionniste, ni académique, ni romantique, il est inclassable et c'est là toute sa force.

James Tissot ''l'ambigu moderne''

jusqu'au 13 septembre 2020

Musée d'Orsay

1 rue de la Légion d'Honneur

75007 Paris

Métro Solférino (Ligne 12) ou RER C Musée d'Orsay

Du mardi au dimanche 9h30 - 18h

Nocturne le jeudi 21h45

Fermé le mardi.

Uniquement sur réservation internet

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