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Billet visible d'un homme invisible : Liu Bolin

  • Photo du rédacteur: Corinne Tong-Chaï
    Corinne Tong-Chaï
  • 18 oct. 2017
  • 3 min de lecture

Liu Bolin, un artiste invisible dont la visibilité a fait du bruit et continue de résonner à travers des expositions comme celle de la Maison européenne de la photographie. Ce chinois de 44 ans a commencé à déranger le pouvoir chinois quand les Jeux Olympiques ont été attribués à Pékin. Les autorités ayant décidé de raser les quartiers populaires de la capitale chinoise, et notamment le quartier des artistes, et les hutongs, ces ruelles pékinoises atypiques véritable signature de la ville. C'est à ce moment que Bolin, dont l'atelier pékinois du village de Suo-Jia, fut détruit, a produit sa série "Hiding In the City", caché dans la ville. Pour protester contre les décisions unilatérales du gouvernement, le chinois a réalisé des auto-portraits camouflages ou comment devenir invisible. Avec ingéniosité, travail, et talent, il a mixé l'art de la photographie, du body painting et de l'effet d'optique. Pendant des heures, avec l'aide de ses assistants, Liu Bolin se fond dans un décor choisi. Caché devant un drapeau, devant un rayonnage, dans un cortège, dans les marinières de Jean Paul Gaultier, devant un mur de petites annonces chinoises. Impressionnant de réalisme. Totalement invisible, il proteste ainsi contre la société de consommation, les ravages de l'homme sur l'environnement, l'oubli de soi face à une nation. Ces dernières années, il cherche à alerter la jeune génération sur la protection de la planète et des océans. Ces photos sont de prime abord bluffantes. On le cherche dans le cadre, on le devine, on le trouve, on sourit, on applaudit à la performance. Puis on admire le travail. Les heures, l'équipe sur le qui-vive, la précision d'horloger des traits de pinceau, l'œil de l'artiste, le cadrage, puis le déclenchement pour la photo qui immortalise. Parfois la performance et le message nous touchent davantage. Comme cette fresque des Unes de Charlie Hebdo. Deux mètres de long et quelques 200 couvertures du journal. On distingue des formes, vagues, puis des ombres, subreptices, et un relief nous intrigue. Lui prend place à la droite de la photo. Il a voulu rendre hommage à Charlie. Pour lui aussi le 7 janvier est un jour particulier, c'est son anniversaire. En 2015, quand cette œuvre fait l'ouverture de "Paris-photo" au Grand Palais, elle attire tous les regards. Liu Bolin a encore frappé. Ce contestataire n'a pu se taire. ''L'œuvre ce n'est pas la photo, c'est la disparition'', explique-t-il. Lui le sculpteur de formation, réalise des prouesses sans trucage. C'est alors lui qui se mue en sculpture. Le caméléon n'a pas fini de surprendre. Il est régulièrement mis à l'honneur à la Galerie Paris-Beijing. C'est d'ailleurs à cette adresse que je découvre son travail de sculpteur. Lui diplômé de l'Académie centrale des Beaux-Arts, reprend ses premières amours. A coup de poing. Son poing gauche. En miniature de fer creux. Car ce poing grandeur nature, fut exposé à l'entrée de la nef du Grand Palais il y a quelques années. 3,60 mètres et 7 tonnes. Cette sculpture est gravée du slogan de propagande de la ville de Pékin "Patriotisme, innovation, intégration et vertu." Ce poing gauche planté dans le sol répond au poing levé vers le ciel, symbole révolutionnaire. Ce poing c'est la Chine contemporaine et artistique qui s'impose, qui en impose et qui appose une signature. Comme un coup asséné. Direct, franc, percutant et déterminé. Rien n'arrêtera l'invisible. Liu Bolin est devenu la face visible de ce que la Chine veut cacher. Un point c'est tout.

''Ghost Stories''

jusqu'au 29 octobre 2017

Maison Européenne de la Photographie

5-7 rue de Fourcy 75004 Paris

Métro Saint Paul (ligne 1)

mercredi au dimanche, de 11h à 19h45.

Fermé lundi, mardi, jours fériés

''Revealing Disappearance''

jusqu'au 28 octobre 2017

Galerie Paris-Beijing

62 rue de Turbigo 75003 Paris

Métro Arts et Métiers (ligne 3 et 11)

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