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Billet d'un Corot mystérieux

  • Photo du rédacteur: Corinne Tong-Chaï
    Corinne Tong-Chaï
  • 9 mars 2018
  • 3 min de lecture

Je dois l'avouer, j'y allais, traînant les pieds en traversant le jardin de la Muette. Mais ma curiosité sur la carrière de ce peintre était la plus forte. Découvrir un côté secret et intime m'intriguait. De Jean-Baptiste Camille Corot, je ne connaissais que la reproduction de ‘’La liseuse sur la rive boisée’’, qui ornait le mur de la salle à manger de mes parents, tableau vaporeux on ne peut plus représentatif de l’oeuvre de Corot, reconnu pour son talent de paysagiste hors pair comme Modigliani pour celui de ses nus. Intemporel, entre néoclassicisme pour les uns et réaliste pour les autres, voilà bien un artiste complet, qui a élargi sa palette durant sa longue vie (1796-1875). Ce maître du XIXème siècle, à la touche délicate, cachait certaines de ses oeuvres dans son atelier, ces productions n’ayant pas vocation à être exposées, ni même vendues. Loin des clairières, des sous bois et des cours de rivière poétiques, il peignait des figures. Non pas des portraits à proprement parlé, mais des peintures que le musée Marmottan choisit d’exposer, dévoilant ainsi une part plus mystérieuse et moins populaire de l’oeuvre de Corot. Marmottan a toujours l'art et la manière de choisir un angle de découverte différent, c'est là tout le charme de ce musée parisien. Ses figures, loin d'être ennuyeuses, en racontent énormément sur Corot qui n'en exposa que quatre de son vivant. Il ne les peint pas de façon précise mais aspire à attraper une expression, un sentiment, un ressenti. Ses couleurs froides prennent des accents chaleureux, son coup de pinceau est plus brut sur certaines esquisses, il explore. Il se sert des costumes classiques, grecques ou italiens, souvenirs de ses voyages transalpins, de la peinture de la Renaissance, de la peinture hollandaise aussi. Il synthétise tout ce qu'il voit, tout ce dont il se rappelle et tout ce qu'il sait. Il cherche surtout à intégrer la figure au paysage. De façon à ce que l'un ne soit pas supérieur à l'autre, trouver un équilibre en somme. Rafraîchissant. Cette exposition est non seulement très riche, une soixantaine de tableaux venus du Louvre mais aussi du monde entier, car la plupart de ses figures ont été achetées après la mort de l'artiste par des collectionneurs étrangers, mais elle est aussi très instructive sur la force de ce peintre passé à la postérité pour ses paysages, et qui a fortement influencé Braque et Picasso. La dernière toile de cette exposition passionnante, véritable chef-d'oeuvre qu'est ''la dame en bleu'', se pose sans doute comme la plus moderne de son oeuvre. Immense drapé, robe bleue contemporaine présentée de dos, d'une grande modernité dans la posture, Emma Dobigny, en est le modèle comme elle fut celui de Degas. Cette toile n'est autre que le summum de ce que veux prouver Corot à ces jeunes artistes qui se posent en peintre innovant comme Degas, Manet ou Monet. Il sait se renouveler, et créer ainsi un pont entre lui et la nouvelle génération. Entre le classicisme et le modernisme. Et quoi que vous pensiez de Camille Corot, passez le voir à Marmottan, il a encore plein de choses à vous apprendre.

Corot, le peintre et ses modèles

Du 8 février au 8 juillet 2018

Musée Marmottan-Monet 2 rue Louis Boilly 75016

Métro La Muette (ligne 9)

Du mardi au dimanche de 10 à 18 heures, nocturne le jeudi jusqu'à 21 heures

La liseuse sur la rive boisée

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